Voilà un sujet plus que délicat : un sujet tabou ! 

Ce mot est omniprésent dans notre actualité quotidienne et se caractérise par la peur et la souffrance qu’il stimule dans notre inconscient individuel et collectif.
Novembre, Toussaint, Halloween, Samain et Coronavirus, tous les ingrédients sont là aujourd’hui pour ne plus reculer devant le sujet qui chagrine.

L’origine et l’impact religieux 

Depuis la nuit des temps les hommes ont su nouer un rapport spirituel avec la vie et la mort, s’inscrivant dans le ‘Grand Tout’, ce cycle universel de réincarnation au même plan que les cycles des saisons sur Terre. 

La mort, cet achèvement inéluctable de notre condition humaine semble avoir besoin de sens pour permettre à notre vie d’être accomplie avec sagesse et conscience.

L’humain a donc toujours côtoyé la mort avec respect et confiance en un ‘Au delà’ tant qu’il y avait une structure pour le guider vers le spiritus, cette énergie universelle qui unit le vivant et la matière, qui apporte le souffle invisible d’une conscience éclairée et sage. 

En évoluant vers des structures sociétales plus grandes et plus organisées, les enjeux de pouvoir ont modifié l’image de la spiritualité. La toute puissance des états religieux a agit sur les peuples pour les soumettre a une autorité supérieure humaine au nom de l’invisible. Par exemple dans la réalité du monde catholique du Moyen-Age, c’est par la peur de l’enfer que l’on domptait les hommes à freiner leurs instincts et leurs passions pour mieux les soumettre à des règles restrictives, pour le bien de la communauté.

Faisant peser la culpabilité et l’humiliation à ceux qui défiaient son code de conduite, les instances spirituelles se sont plus souvent comporté en autorités politiques main dans la main avec les gouvernants. 

La solution des générations qui se sont succédées pour sortir de l’endoctrinement fut de se détourner de la religion, au fil des siècles, en trouvant d’autres ‘saints à qui se vouer’. 

Ce sont les grandes découvertes scientifiques qui ont apporté aux Hommes des réponses, du sens, de l’apaisement. 

Dorénavant, on peut tourner le dos à sa religion parce qu’on ne croit plus aux images simplistes et irrationnelles du paradis et de l’enfer et que ces messages sont d’une nature symbolique qui ne s’harmonise plus avec notre niveau d’éducation, de discernement, de conscience. Nous avons une connaissance plus globale de notre planète, de ses différentes cultures et de ses souffrances, nous avons changé notre angle de vue et nous l’avons ouvert sur le monde.

Ceux qui se disent athées s’en remettent généralement au dogme scientifique. Une importante partie de la population occidentale ne croit plus qu’à ce qui peut être prouvé matériellement et c’est à la Sainte science qu’elle a transmis l’anneau de pouvoir.

Aussi, depuis une cinquantaine d’années, on peut discerner une émergence de nouvelles croyances spirituelles, mois religieuses, plus en accord avec une vision philosophique orientale de la vie sur Terre. 

Instinct logique puisque l’Homme a besoin de trouver son équilibre entre le visible et l’invisible, de suivre son intuition, de questionner le mystère qui le guide sous les étoiles. Il suit ainsi sa nature profonde depuis des millénaires et s’il se l’interdit par pure analyse mentale, il se coupe d’une partie de lui-même, de son but, et sa mort devient alors une épreuve qu’il peut fuir ou combattre s’il n’a pas trouvé une sagesse de coeur pour l’accueillir et la recevoir honorablement.

Les rites mortuaires 

Sans faire une reconstitution historique des différents rituels funéraires depuis les origines préhistoriques de l’Homme, nous avons tous des images mentales de célébrations du dernier passage dans le feu, la terre, les chants, les offrandes, les pleurs, les émotions fortes, la communauté qui se soutient.

La mort, dans notre culture baignée dans deux millénaires de christianisme, était célébrée, il y a encore quelques décennies de cela, par une dernière communion avec le défunt. On le veillait à la bougie, chacun venant lui rendre visite dans sa demeure où il pouvait se détacher en paix de son corps en acceptant son nouvel état. Trois jours étaient d’usage  pour permettre au défunt de faire son passage et aux vivants de régler leurs comptes avec lui avant d’enterrer le corps et de continuer leur chemin. Trois jours à le veiller, à lui parler. Ce qui restait sur le coeur pouvait être déposé, une rancune, une querelle, un secret bien gardé. On demandait le pardon, on lui exprimait ses regrets ou bien on déversait sa colère et sa souffrance. On pouvait repartir plus léger, à l’instar d’une confession qui efface les péchés. Le défunt pouvait lui aussi partir dans le pardon dans le meilleur des cas. 

Si l’on peut contester aujourd’hui l’existence de la séparation du corps et de l’âme, c’était néanmoins une réalité pour nos ancêtres. Lorsque la mort était prévisible, dans l’ordre de l’écoulement de la vie, que le mourant acceptait son heure et avait préparé son départ, chacun pouvait faire son deuil et le défunt s’en allait vers la lumière en paix.

Mais ce n’était pas toujours dans la sérénité que le départ s’accomplissait et cela n’a pas changé aujourd’hui malgré les efforts de la science et des lois.

Nous continuons de transporter dans nos bagages émotionnels l’héritage de nos ancêtres face à la mort, leurs croyances envers l’autre monde, leur impuissance, les regrets, les colères, les pleurs qui n’ont pu s’exprimer devant le défunt au moment de son grand départ. 

Les sentiments non-dits et qui restent en mal-aise dans le corps physique et émotionnel des survivants perdurent aux générations suivantes. Nous vivons dans les souvenirs occultés de deuils non fait, conséquences de défunts mal-enterrés (sur le lieu de guerre, disparus, refus d’extrême-onction…) ou mal-morts dont la séparation dans le chagrin, la colère ou l’injustice continue de vibrer dans les cellules des descendants.

Tant que nous ne nous détachons pas en conscience de ces identités fantômes avec nous, nous continuons de faire vivre ces morts à travers les années.

Et que dire des rites funéraires aujourd’hui ? 

Il nous est presque interdit de vieillir et de mourir en paix. 

La peur de la fin de vie est omniprésente dans nos comportements et nos lois. La peur microbienne aussi. 

Mais pire encore sont les conditions de séparation avec le défunt. 

Notre mode de vie favorise la propagande qui nous incite à profiter au maximum de notre vie en consommant, pour se sentir exister. On fait tout pour retarder le grand passage, le notre et celui de nos proches parce qu’on doute aussi d’un univers au delà et d’un destin pour chacun. Pour apaiser inconsciemment la souffrance liée à la mort, on s’évertue à se rendre plus immortel par des moyens non-naturels. Certains envisageraient même la cryogénisation comme recours à un retour possible à la vie dans un futur transhumaniste où les solutions à la mortalité auront été trouvées.

Petit à petit la Sainte Science a pris le contrôle de la mort via le système hospitalier qui devient majoritairement le lieu de passage du défunt. 

A défaut de n’avoir pas su garder le souffrant en vie, l’hôpital (dont l’objectif très honorable est de sauver des vies) prend soin d’amortir notre choc en prenant en charge son cadavre. Sinon ce sont les pompes funèbres qui prendront possession du corps avant que sa famille ait fait ses choix d’obsèques. 

Laisser le corps tel quel est interdit, pour des raisons sanitaires dit-on. Pourtant, la transformation du corps sans vie a l’avantage de nous montrer la réalité de notre nature humaine : notre mortalité ! Epreuve extrêmement difficile lorsqu’on est baigné dans le culte du corps et de sa beauté. 

La chambre froide ou l’embaumement est un passage obligé pour lui garder un air vivant et ne pas laisser transparaitre sa décomposition, car on ne peut pas garder le corps de son défunt intact. La mise en cercueil est également obligatoire. 

Les rites funéraires aujourd’hui en occident sont mis à mal. On sait pourtant que l’humain a besoin de rituels pour passer les grandes étapes de sa vie et la mort est le dernier pour celui qui s’en va. C’est tout autant une étape forte et précieuse pour ceux qui restent et qui auront un travail de deuil à faire.

De nos jours les pompes funèbres ont le contrôle, le monopole. La mort et son passage sont monnayés chers et l’on met le prix pour prouver au défunt l’amour qu’on lui porte.

Les cérémonies funéraires sont souvent dénuées d’amour parce que dans notre monde moderne on ne met plus de foi et de sens sur de vieux rituels d’une autre époque et parce que la mort est forcément triste : Normal, dirait-on, puisqu’on y perd l’attache voire la dépendance à une personne qui comblait nos manques d’amour et de sécurité. 

Une belle cérémonie qui éveille les coeurs et âmes, nous apaise et nous fait repartir avec confiance en notre propre mortalité est un exercice difficile et talentueux pour ceux qui les coordonnent. 

Et que dire de celui qui a trépassé ? Est-il bien où il est maintenant sans son corps qui le retenait sur terre ? Des questions que l’on pourrait débattre sans conclusion entre vivants qui n’ont pas expérimenté la mort alors qu’il y a pourtant des pistes de réponses parmi ceux qui en sont revenus (qui ont fait des EMI, expériences de mort imminente, ou en anglais NDE).

Quoi qu’il en soit, convaincu ou non par l’au delà, n’est il pas plus apaisant de croire que notre défunt bien aimé s’en est allé léger et soulagé plutôt que de se tourmenter sur  la souffrance qu’il a traversée et le devenir de son corps sans vie ?

Ce que vous ferez aujourd’hui avec amour pour ceux qui partent vers un autre univers, quel qu’il soit, n’a pas besoin d’attendre qu’un au-delà soit prouvé pour comprendre que c’est juste, aligné, serein, en adéquation avec les vibrations de votre coeur donc de votre âme, donc de votre être tout entier.

faites-le sans dogme ni pression en toute authenticité avec l’émotion du moment : libérez, délivrez…si j’ose dire !!

Conseils pour un passage bien accompagné vers l’autre monde :

Pour le défunt et pour les vivants en deuil il y a plusieurs étapes à ne pas négliger :

  • Si possible (car c’est un droit), permettre au défunt de laisser reposer son corps jusqu’à trois jours sur son dernier lieu de vie ou dans un endroit qu’il aimait bien.
  • Partager un moment privilégié avec le défunt durant ces trois jours qui suivent son décès pour lui parler, lui exprimer ce qu’on a sur le coeur, lui pardonner ou demander pardon si on en est capable à ce moment là (pas de panique, cela peut toujours être fait plus tard, il n’y a pas de date de préemption).
  • Permettre à tous ceux qui veulent avoir ce moment privilégié aussi de se recueillir auprès du corps du défunt.
  • Pendant cette période avant la cérémonie, veillez à avoir des bougies allumées près de vous et si possible du corps.
  • Faire appel à une personne qui aide au passage (si on y croit et qu’on ne sait pas comment s’y prendre).
  • Respecter ses dernières volontés pour la cérémonie, et pourquoi pas, lui demander un signe qui témoignera de sa présence invisible avant son passage. Malgré la surprise, un signe apporte du réconfort qui facilite les étapes du deuil.
  • Célébrer ensemble le défunt par un repas convivial, dans les souvenirs et dans la joie, la même que procure l’accueil d’un nouveau bébé.

Rien ne sera plus comme avant, 

un chapitre se termine et un nouveau se dessine.

A vous de l’écrire avec les outils de votre coeur.

L’épreuve de l’époque COVID 19

Les conditions actuelles du décès des patients Covid rendent plus difficiles le passage et le deuil qui sera vécu comme injustifié dans beaucoup de cas, notamment chez les personnes qui semblaient être peu soumises au risque.

Qu’en est-il des conditions de traitement des funérailles ? Vous imaginez bien que les défunts et leurs familles ne peuvent pas être respectés dans leur choix de veillée et de célébration et la souffrance s’agrandit avec ces contraintes supplémentaires qui laissent des marques autant dans le monde visible, qu’invisible.

Il semble donc extrêmement important d’être attentif à la façon donc nous vivons nos deuils. Bien que les conditions sanitaires et légales empêchent d’avoir un rapport serein et apaisé avec nos défunts, il est indispensable de d’adapter et d’organiser, même via la communion en vidéo, une célébration avec tous ceux qui le souhaitent pour lui apporter l’énergie nécessaire de faire son pas-sage vers ce monde, s’il en est un, qui nous est tous destiné. Et surtout, les bougies en son honneur peuvent être allumées partout où un de ses proche pense à lui.

Un deuil dure parfois quelques années mais il doit toujours avoir une fin avant que les générations suivantes ne prennent à leur charge ce fardeau qui garde collé le défunt dans le monde terrestre malgré lui. 

Je me joins à vous dans cet état que l’on appelle compassion pour partager votre émotion si récemment vous avez dû accompagner une ou des personnes dans leur dernier passage. 

Je suis à votre disposition pour répondre à vos questions et vous aider si vous en ressentez le besoin. Cette période sombre nous demande soutien, collaboration et innovation.

              Je m’y engage.

 

Véronique FRESLON, Libres Racines, novembre 2020.